MARS l593.                                 357
veu; et que le Bearnois estoit passé à Villepreus, où il avoit fait prendre une poulle, qu'il avoit mangée avec ses œufs.
Tous ces bruits, à- ce qu'on disoit, venoient d'un notaire ligueus de Paris, auquel on avoit fait accroire ( tant il estoit sot ) qu'il feroit le contrat de mariage du duc de Guise et de l'infante; et ainsi se ser voient de la simplicité de ce pauvre ignorant pour amuser les Pa­risiens de faux bruits.
Le vendredi dix-neuvieme de ce mois, Boucher pres-chant à Saint-Berthelemi dit qu'il faloit prier Dieu qu'il nous donnast un roy fils d'homme, et non pas. de beste, a Car ceux, dist-il, que nos politiques demandent est fils d'une louve : chacun le congnoist bien, » Madame de Nemours assistent à ce beau sermon.
Ce jour, le prieur des Carmes C1), qui preschoit le quaresme à Saint André, apela le Roy coquin (vrai terme de besacier), et dist qu'il eust valu mieux avoir le Turq pour roi que non pas lui. Prescha le duc de Maienne, qu'il appela fainéant, en mots tellement couverts que chacun l'entendist; et dit qu'il y avoit long temps que nous eussions esté hors de nos maux, si les grands eussent voulu : mais qu'il n'i avoit en tout leur fait que de l'ambition.
Guarinus, qui preschoit à Saint-Jacques de la Bou­cherie, en dit autant, et encores pis.
Le 22, 23, 24 et 25 de ce mois, bruits grands à Paris d'un siege. Les prédicateurs le preschent tous les jours ; et que pour s'en sauver il falloit rompre les in­telligences qu'avoit le Bearnois dans la ville, et la pur-
(-) Leprieur des Carmes : Simon Fillieul.
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